
Belle africaine
La nuit dans les champs,
Abrité sous la feuillée d’une hutte
Je rêve encore de la douceur de ses bras
Et je rêve de la douce chanson de son luth.
Tandis que le ciel, tout clair, passe
A travers les espaces libres du toit
Et que, non loin, quelque branche
Vibre du chant du rossignol.
Il n’est rien, rien vraiment qui me plaise autant
Que la belle Malienne
J’ai vu le lion qui bondit du fourré,
Et sa crinière, comme une parure de guerre,
Orne son col souple et puissant !
J’ai vu le lion, plus beau que le zèbre,
Mais il n’est rien de plus beau,
Rien qui me plaise autant
Que la belle africaine
Son cou plus souple que celui du zèbre
Soutient tête plus fière que celle du lion.
Son pas léger suit à la course
Le pas capricieux des chèvres.
Elle est vite et les bracelets de ses jambes
Accompagnent, avec grâce, les mouvements
De sa marche.
Elle danse avec tant d’art
Qu’on en a les yeux ivres de joie
Et qu’on se sent le corps et les jambes
Entrainés à vouloir mimer le rythme
De son corps et de ses jambes.
Il n’est rien qui me plaise autant
Que la belle africaine
Mais que dire du palmier
Svelte comme un bois de lance ;
Il éploie dans le ciel bleu son vert panache
Comme le guerrier, sur sa tête, un cimier.
La belle africaine est un vivant palmier.

Corps de Femme
Comme j'aime voir belle indolente
Sur ton corps si beau
Comme une étoffe vacillante
Miroiter mes désirs sur ta peau
Tel un navire qui appareille
S'offrant au vent du matin
Mon âme rêveuse s'émerveille
En quête de rivages lointains
Ta posture offerte nonchalamment
Belle d'abandon
Me fait frisonner dans l'attente
Déjà, souffrant mille tentations
De ton corps qui se déhanche, dénudé
Comme une vague affolant l'eau
S'empare l'envie de m'immerger
Et me laisser porter par les flots.
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums
Mer odorante et vagabonde
Quel bonheur de goûter aux embruns
Quand l'eau de ta bouche remonte
Ressac des vas et viens
Boire jusqu'à plus soif, sans honte
Aimer...t'entendre dire "viens"

SOIR DE MÉLANCOLIE
Soir de mélancolie
Souffle un vent tiédi
Comme un tendre baiser
Du temps où tu m’aimais
Soir de mélancolie
Dans mon miroir maudit
Ton sourire d’azur
Me prend en filature
Soir de mélancolie
Drôle de mélodie
Qui rôde dans ma tête
Un refrain de défaite
Un soir de mélancolie
Ton alto m’envahit
De l’écho religieux
Du baiser sur tes yeux
Soir de mélancolie
La mer comme élégie
Charrie ton effigie
Où je me réfugie
Soir de mélancolie
Un mot doux resurgit
Créant onde d’émoi
Qui se propage en moi
Soir de mélancolie
Enfermer pour la vie
Un impossible vœux
L’odeur de tes cheveux
Soir de mélancolie
Quand tout est bien fini
Que rien ne pèse plus
Hormis la mort en vue
Soir de mélancolie
Sur notre pauvre vie
Pétales tomberont
Tout au long des saisons

Sonnet d'un soir
Maintenant ma bien aimée,je m'en retourne chez toi
Là où le liseron grimpe par les échelles
En ta chambre déjà, bien avant ma venue
Est venu l'été aux pieds du chèvrefeuille
Mes baisers voyageurs ont parcouru le monde
Afrique, Asie, Moyen Orient et miel déterré
Ceylan, verte colombe et Yang-Tsé séparant
les jours d'avec les nuits de sa vieille patience
Maintenant, bien aimée, par la mer crépitante
Comme un oiseau aveugle je m'en reviens
Vers notre nid de nos futurs printemps
Puisque l'amour ne peut voler sans s'arrêter
Note vie va au mur, aux pierres de la mer
Les baisers sont rentrés à notre territoire