Je suis arrivé au Nigeria au début des années 1980, embauché pour développer une société d’édition et de presse. C’était la période du boom pétrolier qui transforma ce pays en eldorado pour un petit nombre !!!Immense centre d’activités commerciales et industrielles en quête effrénée d’argent. Le boom pétrolier lui apportera un développement anarchique et brutal, sans la moindre prise en compte d’urbanisme. La mégapole de Lagos était surpeuplée, avec des embouteillages monstres et une insalubrité générale. Ici on survit, on sourit, on bataille contre les mouches, les moustiques, les maladies non soignées par manque d’argent, le manque d’hygiène et tout ce qui s’ensuit. Nombre d’expatriés ont laissé leur vie, ou ont été gravement blessés. Cela faisait partie du quotidien, tout comme une corruption endémique à tous les niveaux et bakchichs en permanence. Plusieurs coups d’État militaires ajoutaient à l’incertitude. Les Nigérians faisaient preuve d’une résilience remarquable. Néanmoins, malgré tous ces dangers, ennuis, arrestations intempestives de la police ou immigration au quotidien pour me racketter, ce séjour de 12 ans m’a laissé des souvenirs forts. Aujourd'hui, lorsque je repense à ces années passées au Nigeria, c'est avec un mélange de respect pour les épreuves traversées et de tendresse pour les moments de bonheur authentique que j'ai vécus. La nostalgie qui m'habite est celle d'un temps révolu, certes très difficile, mais aussi riche en expériences humaines profondes et inoubliables.